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25 Janvier 2011
La recherche explose: nouveaux médicaments, thérapie génique et cellulaire.
Le parkinsonien est condamné aux mouvements volontaires à perpétuité, disait Charcot, le célèbre neurologue français qui a baptisé la maladie de Parkinson (MP) en 1872. Près d'un siècle et demi plus tard, les symptômes des parkinsoniens peuvent être soulagés; mais la maladie, due principalement à une dégénérescence des neurones à dopamine, ne se guérit toujours pas. Pour combattre les atteintes neuronales, voire les prévenir, plusieurs voies prometteuses sont explorées: médicaments, thérapies géniques et cellulaires, stimulation électrique de zones cérébrales…
Parallèlement, les chercheurs tentent d'élucider les mécanismes intimes de ces morts neuronales et d'identifier les différentes formes de la maladie. Les médicaments disponibles, dits dopaminergiques, améliorent le quotidien des patients, mais leurs effets secondaires peuvent être très gênants. La L-dopa induit notamment des effets «on-off» (fluctuations brutales d'efficacité) et des mouvements anormaux. Quant aux agonistes dopaminergiques, plus récents, ils se sont révélés, dans des cas parfois dramatiques, susceptibles d'induire des conduites addictives: jeux, achats, sexe…
En outre, ces molécules n'agissent pas sur la cause ni sur la progression des lésions. Il y a quelques mois, une étude franco-américaine a toutefois suggéré que la rasagiline, un nouveau médicament, pourrait ralentir l'évolution de la MP. «C'est une nouveauté majeure, qui m'incite à en prescrire plus tôt, commente le Pr Pierre Césaro (Hôpital Henri Mondor, Créteil). Il serait d'ailleurs intéressant d'évaluer les effets de cette molécule chez des patients à risque qui n'ont pas encore déclaré la maladie de Parkinson.»
De fait, selon le neurologue, les troubles moteurs peuvent être précédés, plusieurs années avant, de symptômes telles une perte de l'odorat, une constipation grave ou encore des anomalies du sommeil paradoxal. Des médicaments préventifs seraient aussi bienvenus dans les formes familiales, héréditaires, de la MP.
Stimulation de la moelle épinière
Un autre défi majeur pour les chercheurs est d'agir sur les troubles de la posture, de la marche, de l'élocution, les atteintes des sphincters… symptômes très invalidants qui apparaissent en général après dix à vingt ans d'évolution. «Ces signes dits axiaux, qui existent chez 90 % des patients, ne sont pas liés à une carence en dopamine, insiste le Pr Yves Agid, responsable scientifique de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (cette fondation privée d'utilité publique, qui réunira 600 chercheurs, ouvrira ses portes à l'automne prochain à la Pitié-Salpêtrière de Paris). Ils ne répondent donc pas aux médicaments ni à la stimulation cérébrale profonde.» Pratiquée depuis 1993, dans des indications très sélectionnées, cette technique chirurgicale assez lourde consiste à stimuler une petite zone profonde du cerveau (les noyaux sous-thalamiques), pour lutter contre le tremblement, la rigidité et des troubles moteurs. Entre 3 000 et 3 500 parkinsoniens en ont bénéficié en France.
Les spécialistes cherchent à définir d'autres cibles. Quelques équipes, notamment en France, étudient ainsi les effets de la stimulation d'un noyau profond - dit pédiculopontin -, impliqué dans la posture et la marche. Mais les résultats, obtenus sur un nombre encore limité de malades, sont pour l'instant contradictoires, selon le Pr Jean-Philippe Azulay (CHU de Marseille). Une étude française est par ailleurs en cours pour évaluer la stimulation de la moelle épinière. Très prometteuse sur des modèles animaux de la MP, cette méthode présente l'avantage d'être techniquement plus facile et beaucoup plus légère que la stimulation cérébrale profonde.
Quant aux thérapies géniques et cellulaires, elles sont à des phases de recherche moins avancées. Une thérapie génique avec trois gènes, «soit la chaîne complète de fabrication de la dopamine», selon le Pr Cesaro, est testée chez quelques malades à Créteil. Ce spécialiste se dit en revanche sceptique sur l'avenir des thérapies cellulaires, d'autant que des travaux récents ont montré que les neurones greffés deviennent parkinsoniens après plusieurs années. Comme si la maladie se transmettait de proche en proche, telle une infection. Un obstacle loin d'être insurmontable, selon Pierre-Marie Lledo, de l'Institut Pasteur. Pour ce chercheur, qui a déjà réussi à reprogrammer des cellules souches neuronales adultes en neurones à dopamine, la clef de la réussite réside dans un bon timing : «En intervenant au bon moment, on peut choisir le destin des cellules et maîtriser leur durée de vie.» Des mondes qui restent encore à explorer